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Jetez vos musiques tupperware, écoutez bio
Je me suis rendu compte depuis quelques temps que je reviens vers des groupes affirmés, des vieux, ce que les broutards du CAC 40 appellent des valeurs sûres. Y a eu Alopecia, le dernier opus de WHY? Le dernier album de Supergrass tourne en boucle chez moi, mais y a les Raconteurs qui m'ont renversé sur la route, REM qui a pondu un album sur lequel je suis pas allée cracher. Ça, en soit, dans mon petit monde personnel, ça relève du miracle. Depuis au moins une douzaine d'années si ce n'est plus, aucun album de REM n'a trouvé grâce à mes oreilles. J'ai trop aimé leurs 8, 9 premiers albums pour entendre quelquechose d'intéressant dans les suivants. Mais là, je sais pas mon intérêt s'est réveillé.
Ces derniers jours j'ai découvert le nouveau single de Beck "Chemtrails", produit avec Danger Mouse. Claquasse. Dieu sait que le petit blond me tape sur les nerfs depuis des années, je sais pas pourquoi je le trouve antipathique. Pourtant lors du Rock en Seine de 2006, même si il y avait eu des longueurs, son concert était très chouette et la vidéo des marionnettes qui massacraient la loge des Radiohead était très drôle. Bref ce single enchante comme un bon Beck, j'attend l'album avec impatience. Y a aussi le single des Weezer, "Pork and Beans". Mon dieu, j'ai craqué. Et leur clip de geek, si vous ne fréquentez pas les galeries de personnages loufoques de Youtube, ces visages ne vous diront rien. Euh si y a au moins le blondinet qui hurlait au monde Leave Britney alone, si! M'enfin Chris Crocker, bon bref...
C'est marrant que ça revienne comme ça dans ma tronche en même temps que Supergrass. J'avais fondu sur ces deux groupes en même temps 94/95 avec Allright pour les uns et Buddy Holly pour les autres. Leur humour et leur grosse basse sont toujours là. Par contre je raserai bien la moustache hideuse du chanteur.
Y a pas longtemps est sorti aussi l'album "Mountain Battles" des Breeders, excellent, excellent. J'ai réalisé qu'il n'y avait pas de nouveaux venus dans mes oreilles depuis un moment et surtout surtout certains nouveaux venus de ces dernières années s'effondrent au deuxième album et disparaissent.
En concert, c'est pareil. Quand je pense au live de Depeche Mode en 2006, quand je pense à Morrissey, Radiohead, Raconteurs, Beck, The Jesus and Mary Chain à Rock en Seine, The Hives, B-52's, Dinosaur Jr à Benicassim, ou encore mon meilleur concert jusqu'à présent Patti Smith en 2007 à Ramonville, je me demande ce qui se passe... On dirait, ce n'est pas une généralité mais une tendance, on dirait, donc, que de très nombreux nouveaux créent de la musique pour y trouver de la reconnaissance. Pas d'urgence de créer. Or la musique est une fin en soi pas un moyen d'obtenir quelquechose. Cette façon d'aborder la musique trouve très rapidement ses limites. Quand un artiste se cache derrière un rideau de fumée et ne donne pas, le public ne prend pas.On n'écrit pas toujours un chef d'oeuvre en étant sincère et en laissant remonter ces tripes mais je reste persuadée que l'on ne peut pas l'écrire si on ne le fait pas. Donc je pense que certains font des cartons sur le premier album parce qu'ils donnent ce qu'ils ont mais une fois le but atteint, être reconnu, ils ne donnent plus rien ou peu car ils ne sont plus dans l'urgence vu que leur moteur c'était le besoin de reconnaissance. je sais pas si je suis claire.
Dave Gahan est peut-être l'exemple le plus étonnant. Ce chanteur a tout prouvé avec Depeche Mode, il a gagné énormément d'argent, il est reconnu dans le monde entier et pourtant il continue de livrer des concerts comme si sa vie en dépendait. Ce n'est pas un performeur, je déteste ce mot, c'est un putain d'interprète! Enlevez tout le décorum Depeche modien, les lumières, les vidéos, les effets qui ponctuent le live, reste le concert d'un putain de groupe qui sait tenir sa scène, il va chercher le moindre mec accoudé contre la porte au fond de la salle.
Ou peut-être que c'est moi qui ne cherche que générosité dans la musique. Reste que les artistes que j'aime et qui durent dans ma discothèque font avant tout de la musique parce que c'est leur ou uns de leurs moyens d'expression, qu'il est vital et que la reconnaissance qui peut en découler n'est qu'une satisfaction, un bonus. Mais je suis convaincue que succès ou pas, la musique reste leur oxygène.
Autrefois, blablabla, il n'y avait pas autant de groupes parce que sortir un vinyle coûtait cher, autrefois les directeurs artistiques des maisons de disque creusaient, fouillaient, triaient,... L'offre était certes moins grande mais de meilleur qualité sur l'ensemble. Les bouses commerciales existaient mais elles n'envahissaient pas tout l'espace. Je me souviens encore du doux temps du TOP 100 le samedi sur NRJ où on entendait Nina Hagen chanter New York par exemple. Oui ça fait très très longtemps. Aujourd'hui on réalise à quel point les années 80 n'ont pas été si mauvaises que ça hein?! Et que même les groupes très mainstream pondaient des tueries qui durent.
Je ne sais pas. Un sentiment que les lignes ont mal bougé. Si la starac est le point culminant des boeufs qui veulent à tout prix passer à la télé, n'en reste pas moins que ce début de siècle voit une génération qui a soif de succès de reconnaissance et qui pense les obtenir par la musique. Ils se plantent, peut-être pas au premier album, à l'arrivée y a scratchage. La musique ça s'ecrit avec le coeur, les tripes, l'intuition, le feeling pas avec la tête. Ce n'est pas une équation parfaite de scientifique en mal de sensation. Quand on écrit des mots que l'on ne ressent pas, des mots que l'on copie sur la tendance qui marche, ça sonne faux. Si la démarche n'est pas sincère, à l'arrivée c'est le mur. Ceux qui utilisent ces artifices marchent une fois, peut-être deux mais ne restent pas et disparaissent complètement. Des sincères disparaissent aussi. Parce que la seule chose qui fait la différence entre tous les musiciens sincères, car ils ne cartonnent pas tous, loin s'en faut, c'est le talent pour les uns, la rencontre importante pour les autres, le directeur artistique qui n'a pas les portuguaises ensablées et ce putain de mainstream, monstre infâme qui se nourrit de projets éphèmères aussitôt jetés à la poubelle mais qui rapportent du fric le court temps de leur existence.
Une chose est sûre, sans sincérité, sans tripes, sans rage, sans envie de vivre musique, un groupe ne dure pas, n'existe pas. La musique est de la matière humaine, si cette humanité est fausse, elle s'écrabouille. Voilà pourquoi à mon avis, des cadors sont là et toujours là et pourquoi un groupe comme les Franz Ferdinand, les Arcade Fire, par exemple, en deux albums sont devenus énormes aujourd'hui alors qu'il leur aurait peut-être fallu plus de temps que ça dans les années 80, parce que des vrais comme ça qui naissent ces deux trois ou quatre denièrs années, y en a de moins en moins. Et que des moyens techniques d'aujourd'hui permettent à tous les jeunes en mal d'affection, de reconnaissance et en manque de lucidité de sortir un disque.
C'est dans les vrais pots qu'on fait les bonnes soupes, jetez vos tupperware, ça donne aux légumes vrais un goût de plastique.
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